2004-11-23

L'édiorial de Mme Frédérique David du journal Accès Laurentides du 19 novembre 2004: pertinent, directe et sans ménagement (les liens sont de moi, et n'engage que moi-même:

"Nos Paysages

Les Laurentides , c’est la banlieue à la montagne, nous disait Pierre Foglia cet été. « Chalets et bungalows tassés les uns sur les autres, nouveaux développements, nouveaux chemins partout. Mille pancartes annonçant des terrains à vendre. Le territoire bradé en lots », poursuivait-il.

Pas besoin de venir de l’extérieur des Laurentides pour s’en rendre compte. D’ailleurs , ce sont surtout les citoyens de notre belle région qui s’inquiètent du développement immobilier à outrance qui les entoure. Sans cesse, on entend dire que les condos sont en train de gruger les montagnes. Et ces déclarations ne sont pas non fondées. Il suffit d’ouvrir les yeux. Quand ce ne sont pas des condos qui se multiplient sur les flancs de montagnes, ce sont des antennes de transmission qui clignotent sur des sommets, des résidences pour personnes âgées qui bloquent la vue, des hôtels qui envahissent le bord des lacs, des méga centres d’achats qui surgissent sur le bord des routes pour les visiteurs des fin de semaines en mal de magasinage et des centres de divertissement en tous genres qui remplacent les forêts. Plus rien n’arrête les promoteurs avides de profits, les pros de la pelle mécanique et les élus à la recherche d’amis. Et, quand on veut avoir la conscience tranquille, il suffit de planter quelques nouveaux arbres par-ci ou de créer un lac artificiel par-là. Ça parait toujours bien. Ça donne aux développeurs immobiliers une belle image. Ça leur permet de glisser un petit message pro-environnement au moment de la coupure du ruban.

Non seulement il devient difficile de trouver un espace naturel vierge dans nos Laurentides, un coin de paysage qui n’ait pas été saccagé par l’Homo sapiens devenu homme d’affaires, pour le « singe avec des clés de char » comme dirait le capitaine Charles Patenaude . Mais pire encore, on réussit à faire fuir les étoiles. Parce que la destruction de nos paysages s’accompagnent inévitablement d’une pollution visuelle. Avec les pistes de ski éclairées la nuit, percevoir des aurores boréales devient de plus en plus difficile et il nous faudra bientôt oublier les étoiles.

Et le bruit me direz-vous? Ça vient avec, bien sûr! Oubliez le chant des oiseaux, le silence des espaces enneigés ou le bruit des chutes d’eau. Tout cela est inévitablement étouffée par le ronronnement de la circulation, le chant des hélicoptères, le murmure des canons à neige et les mélodies qui sortent des haut-parleurs dans les rues et dans les centres de ski.

Je ne peux pas croire que seuls les résidents s’inquiètent de ces développements à outrance qui gâchent leur qualité de vie. Je ne peux pas croire que les touristes de passage dans les Laurentides veulent y trouver le même bruit qu’à Montréal, la même ambiance qu’à la Ronde ou le même décor qu’à Disney World. L’éco-tourisme, ça n’a pas été inventé pour les chiens quand même! Il me semble que ça cadrerait bien dans les Laurentides.

Le problème, c’est que les investigateurs de tous ces beaux projets n’ont pas vraiment de conscience sociale. La preuve combien d’entre eux roulent en SUV? Il fallait donc que les autorités compétentes agissent vite. La situation devenait à ce point urgente que le Conseil régional de l’Environnement des Laurentides (CRE) a lancé la première pierre en faisant signer à tous ceux qui avaient une petite conscience environnementale une charte des paysages des Laurentides. Le document en question n’engage pas les signataires à grand chose, certes. Mais c’est le document symbolique qui démontre quand même un intérêt pour la protection de nos paysages. L’initiative est d’autant plus louable qu’aucune région du Québec ne possède une telle charte. Nous sommes des précurseurs paraît-il. Et pour cause! Souhaitons que cette belle initiative du CRE fasse des petits et mène à d’autres initiatives plus sévère. Cette charte redonne au moins un peu d’espoir à bon nombre de résidents, même si certain élus comme ceux de Saint-Sauveur, ceux de Sainte-Marguerite et ceux de Saint-Jérôme, ne l ‘ont pas encore signée. Les absents ont souvent quelque chose à se reprocher…"
Reproduit avec autorisation
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